Coq à l'âne

 

   
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The coq-à-l'âne

Sauter du coq à l'âne is a French expression to characterise that one switches subjects and topics without making any connection. Marot used this saying to head a jolly epistle he sent to his life-long friend Lyon Jamet around 1531. It became a hype and a title of a poetic "genre". Marot's coq-à-l'âne's reveal a Rabelais side of Marot. Het treats the news of the day, mixing nonsense and satire, dealing with theology, gossip and the weather in one sequence, using short octosyllabic lines, and always witty, and clear to the insider. They must have had a lot of fun, Marot and Jamet... As mentioned, it became a "genre", but hardly anyone was able to match the intrinsic quality and vitality of the originals. Nonsensical poetry ? There is some sense in this nonsense, including quite sharp moral and satirical puns. Religous opionins are also aired, sometimes hardly concealed. The brilliant idea of King Francis I to invite the German Professor, Phil. Melanchthon, friend of Luther, to Paris to discuss religious matters with the theologians of the Sorbonne is mentioned explicitly in the second coq-à-l'âne (see below & about him), written in Ferrara.

During the war of religions this literary form became a popular - mostly protestant - vehicle of verbal aggression against the other party, aka the ennemy. [Dutch imitations/translations/adaptations Lucas d'Heere and Roemer Visscher]

 

I - L'Epistre du Coq en Lasne à Lyon Jamet de Sansay en Poictou

[This poem was probably written Spring 1531 (based on text-internal information about some events, it was also published that year in Les Opuscules et petitz traictez [Lyon, Arnoullet, s.d.]

 


Je t'envoye ung grand million
De salutz, mon Amy Lyon:
S'ilz estoient d'or, ilz vauldroient mieulx,
Car les Françoys ont parmy eulx
Tousjours des Nations estranges.
Mais quoy? nous ne povons estre Anges,
C'est pour venir à l'Equivoque:
Pource que une femme se mocque,
Quand son Amy son cas luy compte,
Et pour mieulx te faire le compte,
A Romme sont les grands Pardons.
Il fault bien que nous nous gardons
De dire, qu'on les apetisse:
Excepté que gens de Justice
Ont le temps apres les Chanoynes.
Je ne vey jamais tant de Moynes,
Qui vivent, et si ne font rien.
L'Empereur est grand terrien,
Plus grand que Monsieur de Bourbon.
On dict, qu'il faict à Chambourg bon,
Si faict il à Paris en France:
Mais si Paris avoit souffrance,
Montmartre auroit grand desconfort.
Aussi depuis qu'il gele fort,
Croyez qu'en despit des Jaloux,
On porte souliers de Veloux,
Ou de Trippe, que je ne mente.
Je suis bien fol, je me tourmente
Le cueur, et le corps d'un affaire,
Dont toy, et moy n'avons que faire.
Cela n'est que irriter les gens:
Tellement que douze Sergens
Bien armez jusques au Collet,
Battrons bien ung homme seullet,
Pourveu que point ne se deffende.
Jamais ne veulent qu'on les pende:
Si disent les vieulx Quolibetz
Qu'on ne veoit pas tant de Gibetz
En ce Monde, que de Larrons.
Porte Bonnetz carrez, ou rondz,
Ou Chapperons fourrez d'Hermines,
Ne parle point, et fais des mines,
Te voyla sage, et bien discret.
Lyon, Lyon, c'est le secret,
Aprens tandis que tu es vieulx:
Et tu voirras les Envieux
Courir comme la Chananée,
En disant qu'il est grande année
D'Amoureuses, et d'Amoureux,
De Dolens, et de Langoreux,
Qui meurent le jour quinze foys.
Sabmedy prochain toutesfoys
On doibt lire la Loy civile:
Et tant que Veaulx, qui vont par Ville,
Seront bruslez sans faulte nulle,
Car ilz ont chevauché la Mulle,
Et la chevauchent tous les jours.
Tel faict à Paris longs sejours,
Qui vouldroit estre en aultre lieu.
Laquelle chose de par Dieu
Amours finissent par Cousteaux.
Et troys Dames des Blancs Manteaux
S'abillent toutes d'une sorte.
Il n'est pas possible qu'on sorte
De ces Cloistres aulcunement,
Sans y entrer premierement,
C'est ung argument de Sophiste.
Et qu'ainsi soit, ung bon Papiste
Ne dit jamais bien de Luther,
Car s'ilz venoient à disputer,
L'ung des deux seroit Heretique.
Oultre plus, une femme Ethique
Ne sçauroit estre bonne bague:
D'advantage, qui ne se brague,
N'est point prisé au temps present:
Et qui plus est, ung bon present
Sert en Amours, plus que babilz.
Et puis la façon des Habitz,
Dedans ung an sera trop vieille.
Il est bien vray qu'ung Amy veille
Pour garder l'autre de diffame:
Mais tant y a, que mainte femme
S'efforce à parler par Escript.
Or est arrivé l'Antechrist,
Et nous l'avons tant attendu.
Ma dame ne m'a pas vendu,
C'est une Chanson gringotée,
La Musique en est bien notée,
Ou l'assiette de la Clef ment.
Par la mort bieu, voylà Clement,
Prenez le, il a mangé le Lard.
Il faict bon estre Papelard,
Et ne courroucer poinct les Fées.
Toutes choses qui sont coiffées.
Ont moult de lunes en la teste.
Escripvez moy, s'on faict plus feste
De la Lingere du Palays,
Car maistre Jan du Pont Alays
Ne sera pas si oultrageux,
Quand viendra à jouer ses Jeux,
Qu'il ne nous fasse trestous rire.
Ung homme ne peult bien escrire,
S'il n'est quelcque peu bon lisart.
La Chanson de Frère Grisard,
Est trop [sallée à] ces Pucelles, [salle pour]
Et si faict mal au cueur de celles,
Qui tiennent foy à leurs Marys.
Si le grand Rimeur de Paris
Vient ung coup à veoir ceste Lettre,
Il en vouldra oster, ou mettre,
Car c'est le Roy des Corrigears.
Et ma plume d'Oye, ou de Jars
Se sent desjà plus errenée,
Que ta grand vieille Haquenée:
D'escrire aujourd'huy ne cessa.
Des nouvelles de pardeçà,
Le Roy va souvent à la chasse,
Tant qu'il faut descendre la Chasse
Saint Marceau pour faire pleuvoir.
Or Lyon, puis qu'il t'a pleu veoir
Mon Epistre jusques icy,
Je te supply m'excuser, si
Du Coq à l'Ase voys saultant,
Et que ta plume en fasse aultant,
Affin de dire en petit Metre,
Ce que j'ay oublié d'y mettre.

 

 

 

 

 

 

II - Epistre du Coq en l'Asne, envoyée à Lyon Jamet de Sansay en Poictou

[I highlighted the references to religious matters; quite telling...; This poem is written summer/autumn 1535, while both Clément Marot and Lyon Jamet were in exile, in Ferrara. It was printed - clandestine - in Antwerp, by J. Steels in 1539. it figures in the manuscript of Jean Gueffier, also active in Ferrara. His title: Du coq a lasne faict par marot estant a ferrare lan mil Ve xxxv]

Puis que respondre ne me veulx,

Je ne te prendray aux cheveulx,

Lyon: mais sans plus te semondre,

Moy mesmes je me veulx respondre

Et seray le prebstre Martin.

Ce Grec, cest Hebreu, ce Latin,

Ont descouvert le pot aux roses.

Mon Dieu, que nous voyrrons de choses,

Si nous vivons l'eage d'ung veau.

Et puis, que dict on de nouveau?

Quand par[t] le Roy? aurons nous guerre?

O la belle piece de terre!

Il la fault joindre avec la mienne.

Mais pourtant la Bohemienne

Porte tousjours ung chapperon.

Ne donnez jamais l'esperon

A cheval, qui vouluntiers trotte.

Dont vient cela, que je me frotte

Aux coursiers, et suis tousjours rat?

Ilz escument, comme ung Verrat

En pleine chaiere, ces Cagots,

Et ne preschent, que des fagots

Contre ces paovres Hereticques.

Non pas, que j'oste les practiques

Des vieilles, qui ont si bon cueur.

Car comme dict le grand mocqueur,

Elles tiennent bien leur partie.

C'est une dure departie

D'une teste, et d'ung eschafault:

Et grand pitié, quand beaulté fault

A cul de bonne voulunté.

Puis vous sçavez, Pater sancté,

Que vostre grand pouvoir s'efface.

Mais que voulez vous, que j'y face?

Mes financiers sont touts perys:

Et n'est bourreau, que de Paris,

Ny long proces, que dudict lieu.

Si ne feis je jamais l'Adieu,

Qui parle de la Pauthonniere.

Vray est, qu'elle fut buyssonniere,

L'escolle de ceulx de Pavie.

Fy de l'honneur, vive la vie,

Vive l'amour, vivent les Dames.

Toutesfoys, Lyon, si les âmes

Ne s'en vont plus en Purgatoyre,

On ne me sçauroit faire à croyre,

Que le Pape y gaigne beaulcoup.

A la Campaigne, acoup acoup,

Hau Cappitaine pinse maille:

Le Roy n'entend point, que merdaille

Tienne le renc des vieilz routiers.

Et puis dictes, que les moustiers

Ne servent point aux Amoureux.

Bonne macquerelle pour eulx

Est umbre de devotion.

C'est une bonne caution,

Que Monsieur de la Moriniere.

En ce temps là vint la maniere

De se paindre avecques des farts.

Sire, ce disent ces Capharts,

Si vous ne bruslez ces mastins,

Vous serez ung de ces matins

Sans tribut, taille, ne truage.

Qui Diable feit le coquage

Des Parisiens l'aultre Esté?

Pour le moins, si j'y eusse esté,

On eust dict, que [c']eust esté moy.

Touche là: je suis en esmoy

Des froids amys, que j'ay en France:

Mais je trouve, que c'est oultrance,

Que l'ung a trop, et l'aultre rien.

Est il vray, que ce vieil marrien

Marche encores dessus espines,

Et que les jeunes tant pouppines

Vendent leur chair cher, comme cresme?

S'il est vray, adieu le Caresme,

Au Concile, qui se fera:

Mais Romme tandis bouffera

Des chevreaulx à la chardonnette.

Attachez moy une sonnette

Sur le front d'ung Moyne crotté,

Une oreille à chasque costé

Du capuchon de sa caboche,

Voylà ung sot de la Bazoche

Aussi bien painct, qu'il est possible:

De sorte, qu'on feroit ung crible

De touts les trous, qui s'abandonnent

A ceulx, qui les richesses donnent.

J'ay flux, contreflux, carte amont.

Dieu pardoint au paovre Vermont,

Il chantoit bien la basse contre:

Et les marys la malencontre,

Quand les femmes font le dessus.

Assçavoir mon, si les bossus

Seront touts droicts en l'aultre monde?

Je le dy, pource qu'on se fonde

Trop sus Venus, et sus les vins.

Parquoy je ne veulx qu'aux Devins

Personne sa fiance mecte.

Or çà: le Livre de flammette,

Formosum pastor, Scelestine,

Tout cela est bonne doctrine,

Il n'y a rien de deffendu.

Icy gira, s'il n'est pendu,

Ou si en la mer il ne tombe,

Monsieur, qui a dressé sa tombe

Avant, que d'estre trespassé.

Fault il pour ung verre cassé

Perdre pour vingt ans de service?

Non, Monsieur, non: ce n'est pas vice,

Que simple fornication.

J'en feray la probation

Par une cotte vyolette,

Que donna la teste follette,

Aultrement le Dieu des proces.

Au moyen de quoy trop d'exces

Sont engendrés de trop de festes.

En effect, [c']estoyent de grands bestes,

Que les Regents du temps jadis:

Jamais je n'entre en Paradis,

S'ilz ne m'ont perdu ma jeunesse.

Mais comment se porte l'Asnesse

Que tu sçays, de Jerusalem?

S'elle veult mordre, garde l'en:

Elle parle, comme de cyre.

Vous dictes vray de cela, Syre:

Une estrille, une Faulx, ung Veau,

C'est à dire estrille fauveau,

En bon rebus de Picardie.

Lyon, veulx tu, que je te dye?

Je me trouve dispost des levres:

Et d'aultres bestes, que les Chevres,

Portent barbe grise au menton.

Je ne dy pas, que Melancthon

Ne declaire au Roy son advis:

Mais de disputer vis à vis,

Noz maistres n'y veulent entendre.

Combien que la jeunesse tendre

Soit par tout assez mal apprinse.

Tu ne sçays pas: Thunis est prinse:

Triboulet a freres et soeurs:

Les Angloys s'en vont bons danseurs:

Les Allemants tiennent mesure.

On ne preste plus à usure:

Mais tant, qu'on veult, à interest.

A propos de Perceforest,

Lyt on plus Artus, et Gauvain?

Il a prins l'Evangile en vain

Le punays, et s'en est faict riche:

Et puis s'efforce mectre en friche

La vigne, et ses petits bourgeons.

Tout beau: je vous pry, ne bougeons.

Vous dictes, que ce fut Jeudy:

Non fais non. Voicy, que je dy.

Je dy, qu'il n'est point question

De dire, J'allion, J'estion,

Ny se renda, ny je frappy

Tesmoing le Conte de Carpy,

Qui se feit Moyne apres sa mort.

Laisse moy là, qui rit, et mord:

Et demande au petit Roger,

Si ceulx, que l'on feit desloger

Hors des Villes, cryoient campos.

Vrayement puis qu'il vient à propos,

Je vous en veulx faire le compte.

Elle n'osent dire Viconte,

Vigueur, vicourt, ny villevé:

Leur petit bec seroit grevé,

En danger d'estre trop fendues.

On dict, que les Nonains rendues

Donnent gentilment la verolle.

D'estre brullé pour la parolle,

Je te pry ne soys point couart:

Mais pour la foy de Billouart,

Laisse mourir ces Sorbonistes.

Raison: la glose des Legistes

Lourdement gaste ce beau texte.

Pour ceste cause je proteste,

Que l'Antechrist succombera:

Au moins, que de brief tombera

Sur Babylonne quelcque orage.

Marguerite de franc courage

N'a plus ses beaulx yeulx esblouys.

Dieu gard la fille au Roy Loys,

Qui me reçoit, quand on me chasse.

Voulez preferer la chasse

Au vol du Milan suspendu?

Si Dieu ne l'avoit deffendu,

Et je fusse en mon advertin,

Je donroys quinze à l'Aretin,

Et si gaigneroys la partie.

La Court en sera advertie

D'ung tas de gros Asnes, ou yvres,

Qui font imprimer leurs sots Livres,

Pour acquerir bruyt d'estre Veaulx.

A Fleury sont les bons naveaulx,

Les richesses en ces Prelats.

Et puis c'est tout: je suis tant las,

Que quatorze archiers de la garde

Me battroyent à la halebarde.

Quant au Palays, tousjours il grippe:

Adieu vous dy, comme une trippe.

 

 

 

 

 

 

Prêtre Martin is proverbial: he sings both verse and refrain (respond).
Découvir le pot aux roses: "discover a secret or a uncover a cheat"